Les premières geisha étaient des hommes. Équivalents des bouffons au moyen-âge en Europe, les taikomochi avaient pour travail de divertir les clients des maisons de thé par la musique et les chants.
Le sens de gei est « art » et sha signifie « personne ». De nos jours toutes les geisha sont des femmes. Elles sont appelées geiko à Kyoto, selon le dialecte de la région, le kansai ben.
Au Japon, il y a l’homme, la femme et la geisha.
Parfaite en tout point, élégante, la maiko (apprentie) ou la geisha porte en elle la notion japonaise d’iki, un idéal moral fondé sur la vaillance et la conscience, la sophistication naturelle provenant de la maîtrise de soi, et le tsu qui représente le raffinement par le fait d'être cultivée.
Il y a un siècle, il y existait encore 80 000 geisha au Japon. Aujourd’hui il en reste moins de 1000 et Kyoto demeure sans rivalité possible la ville des geisha.
Très raffinées, elles connurent un pic de popularité aux XVIIIe et XIXe siècle, mais trop souvent confondues avec l'oiran (voir plus bas, courtisane de haut-rang) en particulier au cours de l'ère Edo. Ces dernières auraient abusé de l'usurpation du nom et du style des geisha dans le but d'aguicher les clients...
Où sont les geisha au Japon ?
Les okiya sont situées dans un quartier généralement nommé hanamachi (quartier des fleurs). Il s'agit des quartiers de Gion (Gion Higashi et Gion Kobu), Kamishichiken, Miyagawacho, Pontocho et Shimabara à Kyoto.
À Tokyo, elles habitent dans les quartiers de Akasaka, Kagurazaka, Mukojima, Shinbashi et Yoshicho. À Osaka, dans les quartiers de Kita Shinchi, Minami Shinchi et Shinmachi.
C'est à Kyoto que les geisha ont fait leur apparition. Artistes multiples, elles vivent dans le hanamachi, où l’autorité des aînées est totale, dans des maisons généralement dirigées par une ancienne geisha.
Chacun des quartiers possède sa propre école où elles pratiquent assidûment de nombreuses activités artistiques traditionnelles comme la danse, la cérémonie du thé (cha no yu) la musique et le chant. Les deux instruments les plus joués sont le koto et le shamisen. Le sadō ou chadō (voie du thé) fait partie de leurs acquis, mais aussi la calligraphie ou shodō, l'ikebana (arrangement floral), etc...
Elles entretiennent l'art de la conversation avec esprit, jeux de mots et flatteries, et connaissent parfaitement le langage de l'absolue politesse japonaise : le keigo.
Une soirée avec une geisha
Pour participer à l'un des dîners ou banquet avec elles, les hôtes doivent être recommandés et fortunés.
Dans le zashiki (pièce japonaise traditionnelle recouverte de tatami) l'invité d'honneur sera toujours assis devant le tokonoma (alcôve, élément essentiel de la décoration japonaise). Les geisha peuvent boire avec les clients mais n'ont jamais le droit de manger ; elles leur servent à boire, veillent à ce qu'ils ne manquent de rien, leur font la conversation et se produisent selon le thème artistique souhaité.
Il faut être un habitué ou officiellement présenté pour assister à un banquet.
La soirée débute généralement par un dîner dans un restaurant kaiseki (haute cuisine japonaise dont les couleurs représentent les quatre saisons). Pendant le déroulement du dîner, elles arrivent et se présentent, organisent parfois des amusements impliquant de l’alcool et sont très douées à ce jeu !
Maiko, l'apprentie geisha
On devient maiko à la sortie du collège vers l’âge de 14-15 ans et aujourd’hui de son propre gré. Jadis, lorsqu’elles étaient vendues dans une okiya, c’était à l’âge de six ans seulement que les petites filles devenaient apprenties et l’enfant commençait par être la servante des apprenties plus âgées (ménage, lessive, etc...) : elles avaient le statut de shikomiko. Puis vers 11-12 ans et si elles avaient déjà mis en avant leurs talents, elles recevaient l’obebe (le kimono des « grandes ») et pouvaient aller dans les maisons de thé (ochaya) pour s’exercer. C’est au même moment qu’on les affiliait à une onesan (grande sœur) qui contribuait alors également à leur apprentissage.
Il est formellement interdit pour une maiko de revenir dans sa famille pendant son apprentissage. Elles n’ont pas de petit-ami et vous diront que de toutes manières elles n’auraient pas le temps de le fréquenter si c’était le cas.
Parfois, la formation d’une maiko peut-être est financée par un dana (sorte de parrain) à la joie de l’okiya : ce monsieur pourra débourser jusqu’à 30 000 euros pour la formation d’une maiko, l’achat des kimono et accessoires prestigieux, les cours artistiques, etc. En effet elle passe environ 340 jours par an dans ses habits majestueux !
On entendra souvent diverses histoires sur le sujet du mizuage, soit une équivoque mise en vente de la virginité de la jeune fille par l'okasan lors du passage au statut de geisha.
Au contact de ces femmes pleines de grâce, les hommes éprouvent la nostalgie de l’époque ou les femmes se dévouaient avec charme, discrétion et respect pour leur époux. Elles incarnent la séduction traditionnelle japonaise, ne doivent jamais perdre leur timidité ou montrer une triste émotion ou une simple fatigue, et doivent sourire, toujours : au Japon, on sourit aussi pour exprimer sa tristesse.
À la façon de porter leur kimono, la nuque revêt un caractère très fort pour un Japonais, la vue d’une nuque est hautement plus érotique que celle d’un décolleté !
On ne doit jamais toucher une geisha ni même son kimono !
C'est très impoli et irrespectueux. Beaucoup de touristes le font sans retenue voire leur bloquent le passage pour les photographier, or elles prennent très rarement le temps de poser pour une photo en allant travailler.
Toutefois vous croiserez dans Kyoto nombre de jeunes femmes habillées de la même manière pour le plaisir d’une après-midi en amies, et acceptent généralement d'être photographiées.
Certains touristes paient pour se faire prendre en photo avec des geiko à Kyoto, certaines le font, c’est une chose possible mais organisée. Des tours opérateurs ou ryokan organisent des événements ou il est possible de rencontrer des geisha.
Comment différencier une geisha d’une maiko ?
Maquillage
Seule la lèvre inférieure est peinte de rouge pour une maiko, pour la geisha même si toute la bouche est fardée le maquillage se fait plus sobre.
Coiffure
La maiko porte diverses barrettes et attaches fleuries (fleurs de cerisiers) et colorées alors que la geisha ne porte comme accessoires que des peignes : en écaille, en bois précieux...
Kimono
Les manches de celui d’une maiko sont toujours longues, et leur costume arbore des coloris vifs roses, violets et autres couleurs fortes. Une geisha porte des tons beaucoup plus légers.
Il existe de nombreux lieux proposant aux voyageurs (pour hommes, femmes et enfants) de se faire habiller, coiffer et maquiller en geisha, maiko et en kimono traditionnel pour homme avant de poser pour une séance photo, on vous remet le cliché en partant.
Oiran, la courtisane
Vétues d'un kimono bien plus ostentatoire et coloré que celui de la geisha, l'oiran (premières fleurs) ou tayu (autre nom plus ancien) étaient des prostituées de haut-rang de la période Edo.
Elles demeuraient dans des maisons appelées seiro et se distinguaient des prostituées ordinaires par leur maîtrise des arts de la danse et du chant.
Leur nom provient de l'expression « oira no tokoro no nēsan » qui signifie « ma grande soeur ».
Jadis se déroulaient des parades de courtisanes, les oiran dōchū, et leur démarche était alors très particulière : lorsqu'elles paradent, elles avancent très lentement, en décrivant un cercle vers l'extérieur avec le pied, en même temps qu'elles fléchissent légèrement l'autre genou, et qu'elles marquent un temps d'arrêt à chaque pas.
De nos jours, une grande parade se déroule à Tsubame, préfecture de Niigata, ainsi qu'un festival de rue qui a lieu au temple Osu Kannon de Nagoya au début du mois d'octobre.
En plus des robes de brocart très voyantes, elles nouent également l'obi (la ceinture) de leur kimono sur l'avant (dans le dos pour les geisha), afin de pouvoir l'enlever et le remettre plusieurs fois au cours d'une journée... elles portent également de très hautes geta noires (zōri à haut plateau de bois laqué).
Toutes les dates pour voir un spectacle (odori) à Kyoto
Au Gion Corner
Mai, juin et juillet
Le Gion Corner propose aussi toute l’année les principales représentations artistiques authentiques en plein cœur du quartier historique (attention, deux organisations différentes et deux portes d’entrées, MAPS)
Le Gion Corner se trouve dans le Yasaka Hall, juste à côté du théâtre Gion Kobu Kaburenjo où se déroulent les miyako odori.
Tarif : de 5500 JPY à 6600 JPY. Il existe aussi un tarif spécial (6050 JPY) pour déguster un thé et des pâtisseries.
Le Kitano Odori
Du 25 mars au 07 avril
Le Kamishichiken Kabukai, tout près du temple Kitano Tenmangu, est situé au nord-ouest de la ville dans le hanamachi le plus ancien de Kyoto.
Deux séances quotidiennes sont proposées, à l'occasion de la célébration du printemps.
Tarif : 6000 JPY ou 7000 JPY avec cérémonie du thé
Site Web : https://www.maiko3.com/
Le Kyo Odori
Du 6 au 21 avril environ
Vous pourrez assister à l'une des représentations au Kaburenjo Theater de Pontocho, deux en semaines et trois le week-end.
Tarif : 7000 JPY
Site Web : http://www.miyagawacho.jp/
Le Miyako Odori
Du 1er au 30 avril
Quatre représentations par jour.
Tarif : de 4000 à 7000 JPY en fonction des places choisies.
Site Web : http://www.miyako-odori.jp/english/
Le Kamogawa Odori
Du 1er au 24 mai
Tarif : 6000 JPY ou 7000 JPY avec un thé et une pâtisserie (un ticket « thé » vous permet de profiter de la cérémonie du thé depuis des sièges prévus à cet effet. Des sucreries vous seront servies sur un plat : vous pouvez emporter le plat chez vous en souvenir si vous le souhaitez.)
Seuls les tickets spéciaux peuvent être achetés à l'avance, aux guichets du théâtre.
Les dates peuvent varier légèrement en fonction de l'année.
Site Web : http://www.kamogawa-odori.com/
Le Gion Odori
Du 1er au 10 novembre
À 13 h 30 et 16 h
Adresse : Gion Kaikan, 323 Gionmachi Kitagawa, Higashiyama, 605-0073 Kyoto
Tarif : 6000 JPY. Pour 1000 JPY supplémentaires, vous pouvez savourer une tasse de thé vert et une sucrerie traditionnelle japonaise avant le spectacle.
NB : durant les danses il est généralement strictement interdit de prendre des photos.
Pour en savoir plus : http://www.kyoto-maiko.com/English/
Pour louer des costumes : http://kyotokimono-rental.com/
Crédits photo : Jessie CARRÉ
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